RÉSIDENCE

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CAMILLE LAPOUGE

 ONEZTARRI

Rencontre le 26 septembre 2015.

SOULE
Montagnes des Arbailles / Ahusky
Domaine d’Agerria / MAULÉON

coop CAMILE LAPOUGE

Camille Lapouge est née en 1989.
Diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg / Doctorante en art et sciences de l’art à l’ed20.
Vit et travaille à Bruxelles.

 ONEZTARRI

Pendant trois mois COOP a accueilli Camille Lapouge en résidence dans les montagnes de Soule.
Sa proposition de résidence, ONEZTARRI, est un système né de sa rencontre avec la mythologie basque et le chamanisme sibérien. Il s’agit d’un piège à orage, construit in situ dans les montagnes souletines. Un hommage aux sorgin de ces terres et aux chamans. Un pilier, constitué de sept morceaux de bois foudroyé et d’une fulgurite, s’élève depuis un sommet montagneux. Il émet une incantation, destinée à dialoguer avec les nuages, invoquant la foudre. Un récepteur, absorbe l’onde et indique à la foudre le lieu de sa frappe. L’émission délimite ainsi un espace sacré dans le champ magnétique et exhorte le Ciel à rejoindre la Terre.
Dès son énonciation le projet ONEZTARRI a rapidement suscité la curiosité et une émulation autour de lui, éveillant autant les croyances personnelles qu’ancestrales.

 

La foudre n’était pas encore là qu’elle était déjà tombée dans les esprits et à travers les mots. Le projet prit une envergure sociale inattendue, chaque histoire racontée devint un écho à la pièce, légèrement déformé, souvent amplifié. La rumeur s’étendit, ranima les superstitions et le fantasme encore très présent de la sorgin au Pays Basque. Associant connaissances mythologiques et scientifiques, cette rencontre créa une forme de syncrétisme; ici s’ouvrit une potentialité, celle que la croyance rejoigne la réalité.
En prenant un chemin sinueux, dérivant de la physique à la mythologie, la pièce acquit une valeur à la fois scientifique et rituelle, troublant les limites. La foudre indiqua le sommet choisi, l’incantation radio attira l’orage, les “ signes ” du ciel se croisèrent, tissant un réseau et renforçant le pouvoir de l’installation.

Camille Lapouge créé des machines utopiques destinées à dialoguer avec l’invisible et relier des espaces. Ce sont des médiateurs, des passeurs. Elle aime voir dans ces systèmes « une brèche », un passage vers un ailleurs. Dans le laboratoire des idées, elle créé des liens sauvages, expérimente le potentiel d’association. Chercheuse, elle a commencé une thèse visant à analyser ce processus de création. Elle voit dans l’installation électronique l’expression d’un langage, la projection d’une organisation mentale et d’une causalité. Le dessin, schéma de l’idée, se déploie dans l’espace, exprimant sa logique, ses connexions. Entre récit et déploiement d’énergies, ces dispositifs racontent l’histoire de la rencontre de la machine, de la matière et de l’imaginaire.

 

Le désir de créer des liens entre ciel et terre, de faire parler la matière et l’invisible, la pousse à inventer des systèmes de circulation d’énergies, de rencontres d’objets et de leurs abstractions. La matière frémit, une lumière s’allume, dans l’air s’élève la voix de la terre (Le murmure de Haft Darvish, 2013).
L’onde électromagnétique lie les éléments, provoque les dialogues. Le son d’une étoile morte transformé en onde radio traverse un fragment d’espace céleste, une météorite. Depuis la radio stellaire résonne le pulsar (Céphéide Vacuum, 2013).
L’électricité se charge de mémoire de pluie, l’émetteur inonde l’air de cette onde désormais aquatique. La pluie arrive. (Mare Imbrium, 2013). Une dérive vers l’autre rive, à travers science et pensée magique.
Dans les montagnes souletines l’orage gronde. Un totem se hisse vers les nuages et invoque la foudre. Oneztarri s’élève pour INCANTATION, reliant ciel et terre depuis son îlot magnétique.

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