ANNE-LAURE GARICOIX
Anne-Laure Garicoix est une tisseuse d’images. S’inspirant d’histoires glanées, d’images et de sons capturés, elle entrelace les référents sous la trame de la couleur. Des peintures des énergies, de fluides qui circulent et animent.
Autochtone des sols escarpés du Pays-Basque, elle tisse des paysages forts, évoquant déserts Islandais, tourbières charbonneuses ou steppes de l’Altaï mongol. À l’horizon, les montagnes se hissent vers la nuit. Les terres étoilées s’effacent pour laisser un passage, elles nous invitent à traverser, à passer au-delà. Le tapis de la toundra s’éveille à minuit. L’image, comme fileuse de mirages, d’où jaillissent des poussières d’étoiles et de temps.
Empreintes d’animisme, ces peintures appellent une curieuse présence ; des formes imprécises semblent à la fois incarner et invoquer l’esprit d’une terre omniprésente. Les filaments de Kubera. Travail de métamorphoses, des silhouettes thérianthropes peuplent les plaines montagneuses. D’insaisissables et étranges créatures surgissent, habitées par le paysage, elles se fondent dans l’espace-animal. Djinns et sorcières, gardiens de l’espace insulaire pictural, ils racontent.
Ils murmurent l’histoire de leur apparition. « Au centre du vide il y a une autre fête » (1). Ces mots résonnent dans le calme des plaines. Apesanteur. Puis, instinctif, le geste dompte la couleur qui s’échappe. S’ensuivent débordements, confettis et étincelles, les restes du vide qui un jour explosa. Des paillettes tintent ça et là, précieux débris des origines, créant des glissements vers des chimères, zones vibrantes et incertaines.
(1) – Antoni Casas Ros, Le Théorème d’Almodóvar, citation de Roberto Juarroz.